Comprendre la maison passive

On parle de plus en plus de maisons passives ou de bâtiments à énergie passive (BEPAS). Et pour cause, la feuille de route du Grenelle de l’environnement prévoit d’imposer des mesures de construction passives à tous les demandeurs de permis de construire à partir de 2020. Dans ce sens, des règles standards seront édictées et tiendront lieu de réglementation thermique 2020 (RT2020), remplaçant l’actuelle érigée en 2012. Puisque c’est l’avenir et afin de respecter au mieux l’environnement, faisons le point sur le BEPAS.

Exemple de maison passive.

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Principes de la maison passive

La maison passive est aussi appelée « maison sans chauffage ». Sa particularité est de bénéficier d’une enveloppe très isolante, sans courant d’air possible et sans ponts thermiques, et de recycler la chaleur stockée passivement, grâce au soleil et aux productions d’énergie internes (luminaires, électroménager et humains). Grâce à ce fonctionnement, la construction passive consomme très peu d’énergie. Dans le meilleur des cas, elle devient tout à fait autonome et ne nécessite pas de chauffage.

Ce concept nous vient tout droit du nord de l’Europe, et particulièrement d’Allemagne. C’est d’ailleurs un organisme allemand – Passivhaus Institut – qui délivre les certifications européennes en matière de bâtiment passif. La certification ou labellisation permet au propriétaire d’attester que sa construction observe des normes respectueuses de l’environnement, mais elle n’est pas obligatoire et donne rarement droit à des subventions, sauf dans le département des Côtes-d’Armor.

Des détails et des chiffres

Une habitation passive consomme 90 % d’énergie de chauffage de moins qu’une construction existante et 50 % de moins qu’une maison construite selon la réglementation thermique 2012. Les études menées sur les maisons passives actuelles montrent qu’une telle habitation ne nécessite pas plus de 15 kilowatt-heure (kWh) par mètre carré et par an en chauffage, contre 40 à 65 kWh/(m²a) pour une construction basse consommation. Ceci, que le domicile se situe dans un coin où le climat est rude ou tempéré. On considère que dans la zone comprise entre Madrid et Stockholm, une maison passive ne coûte que 10 à 25 euros de chauffage par mois.

Et pour que ces chiffres soient vrais, il faut que l’ensemble fonctionne. On a vu plus haut que la maison stocke l’énergie passive, celle du soleil mais aussi des appareils et des habitants (un adulte génère environ 100 watts). Les fenêtres – aux triples vitrages – sont souvent orientées plein sud pour optimiser l’absorption des rayons solaires, et l’isolation globale est très étudiée. Le but : étanchéiser la maison. Il ne s’agit pas seulement d’en isoler les murs, il faut éradiquer toutes les fuites d‘air parasites, importantes sources de déperdition de chaleur et d’inconfort. Elles se trouvent par exemple à la jonction du mur et de la toiture, aux passages des câbles et tuyaux, aux encadrements de baies et fenêtres.

Une fois l’habitation étanche, il faut y renouveler l’air autrement que par aération directe. C’est là un point crucial du domicile passif : on installe généralement une ventilation mécanique contrôlée (VMC) à double flux inaudible (25 dB). Elle fournit l’air neuf et récupère la chaleur de l’air sortant pour chauffer l’air entrant.

Maison passive allemande avec panneaux solaires en construction.

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Critères-clés

En bref, une maison passive a le look que vous souhaitez lui donner. Elle est souvent compacte afin de diminuer la zone à isoler mais ressemble à n’importe quelle autre habitation, sauf qu’elle respecte les quatre critères suivant :

  • les besoins en énergie primaire totaux (électroménager inclus) ne doivent pas dépasser 120 kWh/m² ;
  • les besoins en chauffage doivent être inférieurs à 15 kWh/(m²a) ;
  • l’étanchéité à l’air doit est inférieure à 0,6 h-1 (dans une habitation traditionnelle, elle est en moyenne de 7 à 12 h-1, dans une construction basse énergie elle est d’environ 1 à 1,5 h-1) ;
  • vous devez cumuler moins de 10 % d’heures de surchauffe annuelles (>25°C).

Si vous vous apprêtez à remplir un formulaire de permis de construire et que vous vous projetez sur du long terme, la maison passive peut être un projet qui vous concerne.

Son coût est 15 à 25 % supérieur à celui d’une construction traditionnelle, pour une maison individuelle. Cela s’explique par l’étude thermique, la construction particulièrement soignée et la quantité d’isolant utilisé. Mais durant ses années d’occupation, en plus d’avoir un impact réduit sur l’environnement, cette habitation vous permettra de réaliser des économies colossales et sera rentabilisée.

D’autre part, avec un habitat passif, vous serez en avance sur la réglementation thermique actuelle. La revente d’un bien immobilier de ce genre sera plus facile que celle d’une habitation traditionnelle, et sa valeur patrimoniale s’en verra aussi bonifiée.